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« L’Etat de droit est essentiel à la démocratie, mais il n’a jamais été figé », ont écrit, le 3 octobre, 170 parlementaires Les Républicains (LR) dans une tribune au Figaro. Or l’Etat de droit, pour rester ce qu’il est, ne peut supporter de « mais ». Nous, parlementaires socialistes, rappelons que l’Etat de droit est sacré et intangible.
L’Etat de droit est ce qui garantit l’égalité des citoyens entre eux, les protège des dérives potentielles du pouvoir politique et, enfin, leur assure une justice indépendante. Face au droit, tout le monde est logé à la même enseigne, quelle que soit sa condition. La neutralité du droit est la meilleure protection qui existe pour les citoyens contre les tentations de pouvoir arbitraire.
Ce que proposent le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, et les parlementaires de droite est, à l’inverse, un Etat d’opinion qui reposerait sur les lubies du politique ou les aléas de l’actualité. La liste à la Prévert des députés LR concernant l’immigration et l’insécurité en témoigne. Dans une dérive populiste à qui mieux mieux, ils font reposer, avec l’extrême droite, l’ensemble de la politique française sur des questions d’immigration et de sécurité : cette pensée du disque rayé vient confirmer qu’il s’agit d’idéologie, et non de pragmatisme.
En effet, le premier sujet de préoccupation des Français est le pouvoir d’achat : il aurait été judicieux que ces mêmes parlementaires soutiennent au niveau législatif les mesures allant dans ce sens que nous avons portées à de nombreuses reprises. Ils ne l’ont pas fait. Leur vision n’est pas celle du reste des politiques ou de la société dans son ensemble. Elle a même été durement sanctionnée par l’expression souveraine des citoyens qu’ils prétendent défendre, lors des dernières échéances électorales.
Au nom de qui parlent-ils, eux, dont le parti est aujourd’hui réduit à peau de chagrin ? Ce qui est en cause ici, c’est la dérive illibérale dans laquelle se sont engagés les Républicains. Leurs propositions violant les principes fondamentaux ont été censurées par le Conseil constitutionnel, preuve de leur caractère contraire à la Constitution. Voilà qu’ils s’en prennent aux droits fondamentaux : jusqu’où ira cette remise en cause de nos fondements démocratiques ?
De plus, en s’attaquant à l’Etat de droit, les parlementaires LR semblent oublier la raison d’être même de leur mandat : défendre les intérêts des citoyens par le biais de l’appareil législatif. La loi est le lieu d’exercice du politique et de la souveraineté populaire. Vouloir changer l’Etat de droit, c’est acter l’impuissance du politique : or ce dernier peut encore beaucoup, quand il siège au Parlement. En matière d’immigration et de sécurité, de nombreuses lois ont été votées depuis 2015. Mais, pour les parlementaires LR, ce n’est visiblement jamais assez.
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